Société des Etudes Voltairiennes

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Présentation de la Revue Voltaire

samedi 18 juin 2011

Une première version de ce texte a été publiée dans le numéro 2 de la Revue Voltaire (2002), p. 5-7.

C’est sans doute un paradoxe de l’Histoire qu’il ait fallu attendre les premières années de notre XXIe siècle pour voir naître une Revue Voltaire, alors que dans la seconde moitié du précédent, inaugurée par les travaux fondateurs de Theodore Besterman et René Pomeau, la recherche voltairiste avait pris un essor décisif, dont l’édition critique des Œuvres complètes, en cours de réalisation à la Voltaire Foundation de l’Université d’Oxford, reste une des manifestations les plus achevées. C’est probablement cet essor même qui a créé le pressant besoin de procurer aux jeunes chercheurs un lieu d’accueil et d’échange propre à stimuler l’activité scientifique voltairiste ; et c’est bien à cette nécessité qu’entend répondre d’abord notre Revue, qui émane conjointement d’un centre de recherche du CNRS, l’équipe « Voltaire en son temps », composante du Centre d’étude de la langue et de la littérature françaises des XVIIe et XVIIIe siècles (CELLF, UMR 8599), et d’une société savante, la Société des études voltairiennes (SEV), dont la création fut une des dernières initiatives de R. Pomeau. Il était donc logique que notre premier numéro, même s’il n’est pas parfaitement représentatif de ce que nous entendons faire, fût employé à rendre à son action et à son œuvre l’hommage qui leur était dû.
La création d’une Revue spécifiquement consacrée aux études voltairistes répond aussi au besoin de leur ménager désormais un espace propre de publication. Les travaux des voltairistes ont certes durant de nombreuses années trouvé accueil dans les grands périodiques français (Dix-huitième Siècle, RHLF) et étrangers, notamment dans les Studies on Voltaire and the eighteenth century (SVEC), lancées en 1955 par Th. Besterman et comptant aujourd’hui plus de 400 volumes. Mais on assiste, depuis une vingtaine d’années et probablement en raison de l’étonnante expansion des études sur le XVIIIe siècle, à l’apparition de revues plus spécialisées qui explorent un champ délibérément restreint : Cahiers Roucher-André Chénier, Recherches sur Diderot et l’Encyclopédie, Cahiers Prévost d’Exiles, Revue Marivaux, Revue Montesquieu. Et l’on sait que Jean-Jacques a depuis longtemps ses Annales (1904), son Bulletin (1956) et finalement ses Études (1987)… En s’offrant aux jeunes chercheurs comme le lieu naturel de leurs publications à venir, la Revue Voltaire agira par son existence même et le lectorat choisi qu’elle vise d’abord, celui des voltairistes, comme une puissante incitation, un précieux catalyseur de la recherche dont il serait malvenu de se priver.
D’abord organe de la recherche voltairiste, notre Revue fait toute leur place aux articles de fond, analyses neuves ou détaillées, ou encore vastes synthèses. Ces articles peuvent à l’occasion se regrouper autour d’une thématique, notamment lorsqu’il s’agit d’actes de colloques, de tables rondes ou de journées d’étude organisées ou patronnées par la SEV. En raison de son esprit d’accueil et d’ouverture n’excluant aucune méthode, les articles publiés par la Revue Voltaire – de préférence et majoritairement en français dans chaque numéro – témoignent d’approches variées, dans des perspectives résolument pluridisciplinaires. Cette Revue bannit et les polémiques étrangères à la science et tout dogmatisme étroit qui la porterait à fermer ses pages à des recherches prétendues aventureuses : les articles publiés le sont sous la responsabilité de leurs auteurs, mais avec l’avis favorable de notre Comité de lecture, de composition internationale et seul juge de leur caractère scientifique.
Nous ne perdons pas de vue pour autant l’une des principales missions que s’est données la SEV, ainsi définie dans l’article 2 de ses statuts : « favoriser la réalisation de la grande entreprise scientifique du XXIe siècle qu’est l’édition critique des Œuvres complètes conduite par la Voltaire Foundation à l’Université d’Oxford ». C’est assez dire que la Revue Voltaire accorde une place importante à des recherches concernant l’histoire éditoriale des textes, les problèmes de bibliographie (entre autres de bibliographie matérielle), ainsi qu’à des études de textes moins connus ou à la publication éventuelle de lettres ou de fragments inédits. Elle se veut ainsi le lieu naturel des « retombées » de cette exploration de l’œuvre entière à laquelle conduit l’édition en cours des Œuvres complètes.
Mais outre ses articles de fond, cette Revue offre des rubriques variées : celle sur l’actualité de la recherche voltairiste comporte d’abord les recensions étoffées des ouvrages les plus marquants de la production critique récente ; elle propose aussi, dans une rubrique intitulée « Les jeunes chercheurs par eux-mêmes », la présentation par leurs auteurs des thèses récemment soutenues. La Revue peut encore, le cas échéant, s’enrichir d’états présents soit de l’ensemble de la recherche voltairiste, soit de tel ou tel de ses secteurs.
Affirmons enfin que de la Revue Voltaire, leur Revue, les membres de la SEV ne forment pas seulement le premier et principal lectorat. Nous voudrions que chacun d’eux s’y regarde comme un auteur éventuel : soutenir la Revue, c’est l’alimenter en articles de fond, communications, notes documentaires, comptes rendus, etc. C’est participer à un moment ou l’autre à la confection de tel ou tel numéro, c’est faire connaître le résultat de ses recherches à ceux qu’elles intéressent particulièrement, ou encore leur soumettre des hypothèses nouvelles auxquelles très probablement ils ne manqueront pas de réagir. Pour qu’elle devienne ainsi véritablement le lieu d’échange et de dialogue que nous souhaitons, que s’établisse un « courrier des chercheurs », que chacun tour à tour s’y constitue instance d’écriture aussi bien que de lecture. Bref notre Revue Voltaire sera ce que nous en ferons : c’est dire assez, aux jeunes chercheurs notamment, combien sont les bienvenues leurs contributions, que nous sollicitons avec instance et attendons avec impatience !
Notre Revue Voltaire paraît donc devoir trouver sa juste place dans le vaste panorama de la recherche dix-huitiémiste, si du moins veulent bien la faire vivre en venant travailler à cette « Vigne du Seigneur » tous ceux qui lisent, explorent, découvrent, aiment, analysent, expliquent, éditent, qui donc sous une forme ou sous une autre font valoir et font connaître cette œuvre immense, parce qu’ils restent persuadés qu’en ce siècle aussi, commencé sous de si funestes augures, « le rieur plein de larmes », comme disait Michelet, a encore quelque chose à nous dire…