Société des Etudes Voltairiennes

Accueil > 3. Revue Voltaire > Résumés / texte intégral > B > Bret-Vitoz Renaud > Renaud Bret-Vitoz, « ‘‘Tout ce que l’œil peut embrasser sans peine’’ : la (...)

Renaud Bret-Vitoz, « ‘‘Tout ce que l’œil peut embrasser sans peine’’ : la prééminence du visuel dans le théâtre de Voltaire »

jeudi 12 janvier 2012

Revue Voltaire 12 (2012), p. 229-243
Renaud Bret-Vitoz, « ‘‘Tout ce que l’œil peut embrasser sans peine’’ : la prééminence du visuel dans le théâtre de Voltaire »

RV12_Bret-Vitoz

La passion du théâtre chez Voltaire est animée par une attirance pour les données sensibles propres aux arts visuels, qu’ils soient majeurs comme l’architecture ou décoratifs comme l’agencement de l’espace. Il place ainsi le théâtre, sous tous ses aspects, au fondement de sa conception artistique et oriente ses travaux scientifiques vers l’étude de l’optique, ce dont témoigne encore aujourd’hui la porte d’honneur de « l’aile Voltaire » du château de Cirey. Sa fréquentation assidue des spectacles et sa production régulière d’œuvres pour la scène l’ont également invité à placer le système des règles classiques sous un principe supérieur, celui de l’illusion et du ravissement de l’œil du spectateur. Voltaire conforte d’ailleurs ce principe en rappelant la place historique de l’architecture théâtrale et d’un art scénographique dans les civilisations antiques et modernes. Cela lui permet de défendre sa réforme du théâtre en France, des bâtiments théâtraux à l’agencement de la salle, de la disposition du public au décor de scène, après l’avoir expérimentée lui-même sur son théâtre privé, toujours à Cirey. Enfin le poète reconnaît au comédien la capacité de donner un supplément de sens au texte dramatique lors des représentations, qu’il nomme « éloquence des yeux », sur le modèle de l’art oratoire. Comme tout art visuel, l’interprétation dramatique est ainsi l’œuvre d’un authentique créateur, évoluant avec le temps jusqu’à s’affranchir de la tradition.